L'ambitieux programme interne de puces d'IA de Microsoft, élément essentiel de sa stratégie visant à réduire sa dépendance coûteuse à l'égard de NVIDIA, a subi un revers majeur. La puce de nouvelle génération de l'entreprise, baptisée « Braga », a été retardée d'au moins six mois, ce qui repousse la production de masse jusqu'en 2026, selonLes informations. Plus important encore, des sources proches du projet affirment que la puce devrait désormais « être bien en deçà des performances » des processeurs Blackwell de génération actuelle de NVIDIA, qui sont déjà disponibles.
Ce retard constitue un coup dur pour Microsoft, qui a investi des milliards dans son partenariat avec OpenAI et s'efforce de construire l'infrastructure massive nécessaire pour alimenter la révolution de l'IA. Le projet interne aurait été entravé par des modifications de conception imprévues demandées par OpenAI, des contraintes de personnel et un roulement de personnel élevé. Cet échec a non seulement amplifié la dépendance de Microsoft à l'égard du matériel coûteux et souvent limité de NVIDIA, mais le met également en retrait alors que ses concurrents accélèrent leurs propres projets de silicium personnalisés.
Ce projet a considérablement évolué depuis que les premiers rapports de 2023 faisaient état d'une puce nommée « Athena ». Bien que Microsoft ait dévoilé sa puce Maia 100 de première génération plus tard cette année-là, elle a été largement conçue pour le traitement d'images et a connu une utilisation limitée pour alimenter les services d'IA générative de l'entreprise. La puce Braga, retardée, était censée être la véritable réponse à NVIDIA, mais elle risque désormais d'être obsolète avant même d'atteindre les centres de données.
Une poussée à l’échelle de l’industrie pour l’indépendance du silicium
Le combat de Microsoft met en évidence l'immense difficulté de concevoir des puces de pointe, mais ses efforts s'inscrivent dans une tendance cruciale à l'échelle de l'industrie. Les géants de la technologie investissent des milliards dans le développement d'accélérateurs d'IA propriétaires pour prendre le contrôle de leur destin technologique et échapper à la domination du marché par NVIDIA. Amazon Web Services (AWS) a été un acteur clé en dévoilant ses puces Trainium2 de deuxième génération et en s'associant à la société d'IA Anthropic pour créer des clusters de calcul massifs.
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De même, Apple élargit considérablement ses horizons en matière de silicium personnalisé avec son projet de puce de serveur « Baltra », une initiative visant à alimenter ses propres centres de données. Meta continue de développer ses propres processeurs MTIA et a même tenté d'acquérir pour 800 millions de dollars le fabricant de puces sud-coréen FuriosaAI, qui a finalement été rejetée. T
son alignement stratégique est également évident dans la formation du groupe promoteur Ultra Accelerator Link (UALink), une alliance industrielle comprenant Microsoft, AMD, Google et Meta qui vise à créer un standard ouvert pour défier les interconnexions propriétaires de NVIDIA.
Le rythme incessant de NVIDIA et les avancées de ses concurrents
Alors que ses rivaux potentiels s'efforcent de créer des alternatives, NVIDIA ne fait que prendre de la vitesse. La société accélère la production de ses racks de serveurs Blackwell AI après avoir résolu les premiers problèmes techniques. Le PDG Jensen Huang a récemment décrit le déploiement comme « Blackwell est « la rampe de lancement de produits la plus rapide de l'histoire de notre entreprise, sans précédent par sa vitesse et son ampleur ».
Cette dynamique se reflète sur le marché, avec des partenaires comme Dell rapportantune forte hausse des commandes de ses serveurs optimisés pour l'IAqui utilisent des puces NVIDIA, AMD et Intel. Jeff Clarke, COO de Dell, a confirmé que la société connaît une « forte dynamique » avec un important pipeline d'intérêt de la part d'un ensemble diversifié de clients.
La feuille de route agressive de NVIDIA, qui inclut l'architecture « Vera Rubin » prévue pour 2026, signifie qu'au moment où la puce Braga de Microsoft sera disponible, NVIDIA aura probablement deux générations d'avance.
La situation reflète parfaitement un sentiment que Huang a déjà exprimé sur la futilité de tels efforts : « Quel est l'intérêt de construire un ASIC s'il ne sera pas meilleur que celui que vous pouvez acheter ? La pression concurrentielle sur Microsoft ne vient pas uniquement de NVIDIA.
Son rival AMD a récemment lancé son attaque la plus directe à ce jour avec sa série Instinct MI350. Lors du lancement, Lisa Su, PDG d'AMD, a déclaré : « C'est le début, pas la fin de la course à l'IA. » Le marché est encore plus fragmenté par des startups spécialisées et bien financées comme Groq, qui a récemment lancé une campagne agressive pour proposer ses puces d'inférence à haut débit directement aux développeurs.
Géopolitique et chaîne d’approvisionnement fracturée
Ces pressions internes et concurrentielles sont aggravées par un paysage géopolitique instable qui a fracturé la chaîne d’approvisionnement mondiale des semi-conducteurs. Après que le gouvernement américain ait bloqué les exportations de la puce H20 de NVIDIA vers la Chine, Huawei a saisi l'occasion pour annoncer sa nouvelle génération de processeur Ascend 920, une décision qui a conduit un analyste à prédire que « les entreprises chinoises vont tout simplement passer à Huawei ».
Une analyse récente du dernier ordinateur portable de Huawei confirme que son partenaire de fabrication national, SMIC, produit des puces selon un processus de 7 nm, plusieurs générations derrière le leader du secteur TSMC.Selon TechInsights, la situation montre que « les contrôles technologiques imposés par les États-Unis continueront probablement à avoir un impact sur la capacité du SMIC à rattraper les leaders actuels des fonderies ».
Cet écart illustre l’impact tangible des contrôles américains sur les exportations, qui pourraient être encore renforcés, les autorités envisageant apparemment de révoquer les licences permettant aux entreprises étrangères d’approvisionner leurs usines de fabrication existantes en Chine avec la technologie américaine. Cet environnement complexe souligne pourquoi l’accès à une fabrication de pointe provenant de fonderies comme TSMC reste un élément essentiel et politiquement chargé de la course aux armements en matière d’IA.
Les déboires internes de Microsoft avec la puce Braga surviennent donc au pire moment possible. Alors que l’ensemble du secteur accélère sa campagne en faveur du silicium personnalisé, le paysage concurrentiel devient de plus en plus féroce de mois en mois et la chaîne d’approvisionnement mondiale devient plus complexe. Pour une entreprise qui parie son avenir sur le leadership en matière d’IA, prendre encore plus de retard dans la course au matériel fondamental est une proposition coûteuse et dangereuse.













